
Jeudi les débats se sont ouverts autour de la question de l’instrumentalisation de l’aide humanitaire, par qui ? La place des ONG dans la politique étrangère ? Le devoir des ONG de dénoncer les atteintes au droit international humanitaire.... S’en est suivi un débat sur la qualité de l’aide, débat récurrent depuis plusieurs années touchant à la valeur même de l'humanitaire. Doit-on définir un concept universel de qualité ou bien celle-ci se mesure-t-elle et s’adapte-t-elle à chaque contexte ? Malgré les évaluations des programmes de plus en plus nombreuses la question de la pertinence reste toujours posée, est-on dans la capacité de répondre aux besoins réels des populations ?
Quatre thèmes ont ensuite pu être débattus par petits groupes :
- La certification comme processus de qualité, les dérives d'un tel outil. Ne serait-ce pas aux bénéficiaires de juger la qualité des programmes ?
- La professionnalisation : Faire carrière au détriment d’un engagement ? La professionnalisation des staffs nationaux ? Plus d’'experts moins de généralistes, difficultés de recrutement, moins de places laissées aux débutants, compétition entre ONG.
- Le "value for money" : quelle(s) valeur(s) mesurer, les impacts des actions humanitaires doivent se mesurer mais avant tout par le bénéficiaire et non pas par le bailleur de fonds. La création d'indicateurs de réussite peut poser des questions.
- La désoccidentalisation de l'aide : l’ouverture aux autres, l'avènement d'alternatives dans les modes d'action : multiculturels vs occidentaux trop imposés aux autres.
A la fin de ces deux jours, nous avons également abordé les nouvelles technologies comme support aux opérations. Cette révolution technologique du web va-t-elle entraîner un changement pour plus de transversalité entre les acteurs, pour une participation accrue des bénéficiaires, leur donner plus de place leur permettant d’exprimer leurs besoins concrets mais aussi leur mécontentement face à des projets parfois réalisés trop vite ?
Ces deux jours ont permis de centrer les débats sur le respect de l'autre, le respect du bénéficiaire. Ils ont mis en lumière la nécessite de travailler plus en profondeur avec les bailleurs de fonds pour rééquilibrer les exigences des uns et des autres. Un gros travail reste à faire au niveau de la promotion et de l'utilisation des nouvelles technologies et de la peur du "Big brother" qu'elles suscitent parfois, y compris chez certains de nos collègues humanitaires.
Pour CartONG ces deux jours ont été aussi l'occasion de rencontrer de nouvelles ONG françaises (Bibliothèques sans Frontières, AOI, Secours Islamique Français) et de découvrir des initiatives (Eurosha). Nous avons aussi pu côtoyer des personnes encore peu convaincues ou profanes sur les nouvelles technologies dans l'humanitaire. Pourtant les débats renouvelés sur la qualité de l'aide - que ce soit pour répondre aux exigences des bailleurs ou pour fournir de meilleurs services aux bénéficiaires - montrent bien que l'innovation reste nécessaire pour continuer d'améliorer l'efficacité de l'action humanitaire.
Vous pouvez retrouver les vidéos des sessions des 20 ans du Groupe URD sur leur site.