La cartographie pour réduire les violences basées sur le genre

CartONG était au mois de juin en Haïti dans le cadre du projet « Notre ville est plus sûre pour les femmes », une initiative menée par le bureau de CARE à Jérémie et financée par ONU Femmes, pour une formation aux méthodologies de la cartographie participative.

Cet article a été initialement publié en juillet 2019, puis mis à jour en septembre 2019 suite à la fin du projet.

CartONG était au mois de juin en Haïti dans le cadre du projet « Vil nou pi si pou fanm yo » (littéralement « Notre ville est plus sûre pour les femmes »), une initiative menée par le bureau de CARE à Jérémie et financée par ONU Femmes.

La cartographie participative : un outil pertinent pour lutter contre les violences genrées

Ce projet vise spécifiquement à identifier et cartographier les lieux non sécuritaires ou à haut risques de violence basée sur le genre dans 7 quartiers de la ville de Jérémie, en utilisant une approche de co-construction avec les communautés de jeunes et de femmes résidant au sein de ces quartiers cibles.

Dans le cadre de ce projet, le rôle de CartONG était d’apporter un soutien en cartographie participative. Le soutien apporté par notre équipe devait se matérialiser en deux temps : tout d’abord dans le cadre d’une mission de terrain de deux semaines en Haiti, puis d’un suivi post-mission aux équipes de CARE à Jérémie réalisé à distance.

A ce titre, CartONG a développé une méthodologie d’ateliers de cartographie participative adaptée aux besoins spécifiques de « Vil nou pi si pou fanm yo » et centrée autour de l’outil uMap, puis a formé les équipes de CARE Haïti à son utilisation et les a accompagnés dans le cadre d’une première implémentation au sein du quartier pilote de Sainte-Hélène. Les 6 autres quartiers seront ensuite couverts en autonomie par les équipes de CARE à Jérémie, avec le soutien de CartONG à distance.

 

Une mission en deux temps : formation des équipes de CARE et ateliers participatifs avec les communautés locales

Dans un premier temps, CartONG a donc formé, deux jours durant, 13 membres de l’équipe de CARE Haïti à l’utilisation de uMap et à la méthodologie d’animation d’ateliers de cartographie participative développée pour le projet. CartONG a fait le choix d’utiliser la plateforme uMap, un outil issu d’OpenStreetMap, en raison notamment de sa simplicité d’utilisation pour des personnes non expertes en système d’information géographique (ajout manuel de polygone, point et ligne comme sur OSM et création d’une légende facilement éditable) et sa capacité à générer des cartes partageables via un simple lien URL. 7 cartes uMap – une carte par quartier – sont prévues à l’issue de cette initiative. Chacune d’entre elles représentera les lieux considérés comme non sécuritaires par les communautés consultées ainsi que les solutions qu’elles préconisent pour remédier aux violences rencontrées dans leur quartier.

Par la suite, CartONG et 6 mobilisateurs communautaires de CARE Haïti ont organisé 4 ateliers participatifs dans un quartier pilote, celui de Sainte-Hélène, auprès de 25 de ses habitants et membres d’associations communautaires. A noter qu’une série de plusieurs mapathons organisés par CartONG à Paris en amont de ces ateliers ont permis de mettre à jour le fond de carte OSM de la ville de Jérémie à partir d’une image drone de 2016 (mise à disposition par Potentiel 3.0). Ce projet est donc une illustration supplémentaire du potentiel des outils collaboratifs comme OpenStreetMap qui permet en l’occurrence de réutiliser l’imagerie d’un projet d’urgence précédent dans le cadre d’un projet de développement. Ainsi, grâce à un dispositif de projection de la carte OSM relativement à jour, les participants des ateliers ont pu localiser avec précision les lieux où surviennent les violences et proposer des solutions pour remédier à ces dernières telles que l’agrandissement ou l’éclairage de corridors, ou encore la mise en place d’atelier de sensibilisation au genre dans les écoles de Sainte-Hélène par exemple. Dans le cadre de ces 4 ateliers, le rôle de CartONG a consisté à accompagner les équipes de CARE dans leur mise en œuvre logistique et opérationnelle mais surtout à s’assurer que la méthodologie ait été bien assimilée en vue de sa réplication future.

 

Les suites de la mission terrain

Suite à la mission, les équipes de CARE Jérémie ont poursuivi les ateliers dans les 6 autres quartiers cibles du projet en répliquant la méthodologie proposée par CartONG, avec le support de notre équipe à distance aussi bien sur la mise ne oeuvre des ateliers que pour l’aide à la réalisation des cartes uMap. L’ensemble des 7 cartes uMap réalisées sont actuellement utilisées comme supports de sensibilisation auprès des acteurs de la sécurité et de la justice de Jérémie, ainsi qu’à plus grande échelle, auprès de l’ensemble des communautés de jeunes et de femmes de la ville. Les équipes de CARE à Jérémie ont également demandé l’aide de CartONG pour réaliser des cartes papier plus adaptées à l’animation des sessions de sensibilisation.

Ce travail n’était pas initialement prévu dans le cadre de ce projet, mais grâce à la mobilisation d’une bénévole de CartONG, il a pu être réalisé dans de brefs délais. Les 6 cartes papier réalisées représentent les espaces non sécuritaires et les types de violences rencontrés par les habitants (cliquez sur l’image de gauche pour voir le résultat). Ces cartes s’accompagnent également d’un document récapitulatif des solutions formulées par les participants aux ateliers classées en 5 catégories : urbanisme, accompagnement/santé, éducation, sensibilisation, travail, lieux d’échange, justice/sécurité (cliquez sur l’image de droite pour voir la plaquette).

Au-delà, l’ensemble de ces supports cartographiques permettront également d’orienter le type d’actions d’aménagement urbain sensibles au genre à mettre en œuvre dans le cadre du projet existant « Urbayiti Vil Nou Pi Bel », financé par l’Union Européenne et l’Agence Française de Développement (AFD), dont l’objectif est d’augmenter concrètement la résilience de la ville de Jérémie face aux catastrophes naturelles en renforçant : i) le tissu socio-économique de la ville, ii) la sensibilisation de la protection civile et de la population aux risques de catastrophe, iii) la réhabilitation durable de l’habitat, et iv) un accès généralisé aux services de base.

Ce projet a été une première opportunité intéressante de développer une méthodologie participative nourrie de nos expériences à la fois en cartographie participative sur OSM, et en cartographie sensible. Nous réfléchissons actuellement à proposer cette méthodologie sur d’autres projets participatifs urbains, n’hésitez pas à nous contacter si vous avez des idées de projets de ce type ou des propositions de partenariats !

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