Nouvelle étude sur les besoins des OSC en gestion des données programmes

CartONG est fière de présenter sa nouvelle étude intitulée “Les données programmes : le nouvel eldorado de la solidarité internationale ? Panorama des pratiques et besoins des OSC francophones”.

CartONG est fière de présenter sa nouvelle étude intitulée “Les données programmes : le nouvel eldorado de la solidarité internationale ? Panorama des pratiques et besoins des OSC francophones”.

 

Un secteur traversé par une révolution numérique : quelle place pour la gestion des données programmes ?

A l’image de notre société, le secteur de la Solidarité Internationale (SI) fait face à une révolution numérique. Si cette dernière impacte indéniablement la gestion quotidienne des Organisations de la Société Civile (OSC), tant dans leurs activités administratives que dans celles liées à la recherche de fonds, elle génère également des changements significatifs au niveau des actions mises en œuvre au profit des populations.

Bien que devenue essentielle pour le pilotage des opérations, la gestion des données semble demeurer quelque peu invisible dans les réflexions et orientations du secteur ; et ce, en dépit de ses nombreuses implications éthiques, financières et humaines, mais aussi et principalement de ses conséquences sur la qualité des projets. Sur les terrains et au siège, les équipes projet dédient ainsi un temps de plus en plus important à la gestion des données, et ce au détriment d’autres activités. Peu formées et mal-outillées, elles sont même parfois en souffrance sur ces tâches, sans pour autant que le sujet soit considéré comme un enjeu organisationnel par la plupart des OSC. La Gestion des Données Programmes (GDoP) – aussi connue sous le terme de gestion de l’information (GI) – est ainsi un sujet à la fois d’actualité et à l’origine de nombreux débats au sein des OSC de Solidarité Internationale.

 

Publication d’une étude unique en son genre dans la sphère des OSC francophones

Aucune étude équivalente visant à examiner, dans leur ensemble, les pratiques des OSC, notamment francophones, et à identifier les besoins de ces dernières en matière de gestion des données programmes, n’a à notre connaissance encore été réalisée. De nombreuses analyses ou articles existent, mais ceux-ci abordent généralement le sujet soit sous un angle technique spécifique, par exemple sous l’angle de la protection des données ou des solutions cartographiques, soit comme s’il s’agissait encore d’innovations pour le secteur et donc avec une prise de recul limitée. De plus, la dimension organisationnelle n’est que peu explorée et très peu de données consolidées au niveau inter-OSC sont disponibles. Ainsi, bien que les OSC manipulent depuis près de vingt ans de larges quantités de données, de nombreux débats demeurent : de quel niveau d’attention et d’investissement la gestion des données devrait-elle faire l’objet ? Le sujet nécessite-il une personne dédiée en interne et, si oui, quel profil privilégier ? D’ailleurs, où commence et où s’arrête le champ de la gestion des données ? Les OSC travaillant en contexte de crise ont-elles des pratiques et besoins différents de celles travaillant en contexte de développement ? Des différences d’approche existent-elles, notamment entre OSC francophones et OSC anglophones, réputées plus avancées sur le sujet ?

Basée sur une enquête auprès des OSC, une revue documentaire et des entretiens auprès d’acteurs clés, la présente étude réalisée par CartONG, a donc pour objectif d’explorer et d’apporter des éléments de réponse à ces questions. Elle entend ainsi contribuer à nourrir la réflexion du secteur sur le sujet de la gestion des données. De ce fait, nous avons cherché à synthétiser et à formaliser des réflexions existantes qui étaient souvent éparses et parfois contradictoires.

 

Qu’est ce que la gestion des données programme (GDoP) ?

Adaptée de la notion d’Information Management (IM) en anglais, la GDoP est ainsi un terme au champ d’application mouvant et à la définition encore floue. Afin de faciliter son appropriation par toutes et tous, la présente étude propose d’utiliser une définition accessible (synthétisée dans le schéma ci-dessous) et un périmètre d’application relativement restreint (voir illustration ci-dessous), à l’intersection du suivi & évaluation, des Technologies de l’Information et de la Communication pour le développement (TIC4D), des systèmes d’information et de la gestion des connaissances.

                         

 

Place de la GDoP au sein de la sphère des OSC francophones : enjeux principaux et rapports existants par types d’OSC

Bien que les études soient encore relativement lacunaires sur le lien entre GDoP et qualité des projets, il est établi qu’une bonne GDoP permet d’améliorer l’efficience et la transparence des organisations. Les informations rassemblées tendent cependant à démontrer qu’à l’heure actuelle, la GDoP est principalement utilisée au bénéfice d’une redevabilité ascendante – vers les décideurs et bailleurs de fonds – plutôt qu’au pilotage quotidien des projets.

Cette situation peut s’expliquer par de multiples raisons mais, il semblerait que la principale d’entre elles soit un manque significatif de maturité des OSC francophones sur les questions des données et du numérique. Six principales faiblesses et leviers d’action ont ainsi été identifiés (voir illustration ci-contre) et sont largement développées dans l’étude : (i) une culture des données insuffisante au sein des OSC ; (ii) des stratégies de GdoP trop fragiles, en silo, et insuffisamment financées ; (iii) une absence de leadership et des responsabilités relatives à la GDoP trop floues ; (iv) un environnement technologique non maîtrisé ni influencé par les OSC ; (v) un recours à des approches favorisant l’infobésité et négligeant les données qualitatives ; et (vi) une sous-estimation de la responsabilité des OSC et des enjeux éthiques vis-à-vis des données qu’elles manipulent.

Face à ces différents enjeux, il apparaît que les OSC francophones souffrent d’un certain retard – au moins de prise de conscience et de positionnement stratégique – par rapport à leurs homologues anglophones. De plus, la GDoP est assez logiquement inégalement approchée par les différentes OSC : l’étude propose ainsi une typologie des OSC et revient sur les principales différences existantes – entre types, secteurs et tailles d’OSC – et pointe notamment les difficultés rencontrées par les plus petites d’entre elles.

 

Quels types de soutiens attendent les OSC francophones en GDoP et sur quelles thématiques ?

Cette étude a aussi été l’occasion d’identifier les types et contenus de supports attendus en GDoP par les OSC francophones (synthétisés ci-contre), notamment pour permettre à des organisations spécialisées, dont les OSC Support comme la nôtre, de mieux définir certaines de leurs priorités d’accompagnement des OSC.

L’étude révèle également que les OSC sont en attente principalement d’accompagnement sur les thématiques suivantes (dans cet ordre) : 1) sélection des solutions, 2) gestion responsable des données, 3) contrôle qualité des données, 4) analyse des données, 5) partage des données et, pour les plus petites d’entres-elles également : 6) conception de bases de données et 7) visualisation cartographique simple.

Quelles suites CartONG entend donner à cette étude ?

L’étude se clôt sur une série d’une quinzaine de recommandations aux différents acteurs de la SI, notamment aux OSC qui se doivent d’être plus proactives sur ce sujet, ainsi qu’aux bailleurs et têtes de réseau qui jouent un rôle central sur ces questions. En clarifiant les éléments de débat – notamment définitions et enjeux, nous espérons que ce document, qui demeure une première pour CartONG, alimentera les discussions. Il est à noter que plusieurs de ces enjeux devraient ainsi être traités au cours du prochain forum GeOnG qui se tiendra en ligne du 2 au 3 novembre 2020.

Réalisée dans le cadre du projet Renforcer la gestion des données programmes des OSC francophones porté par CartONG et cofinancé par l’Agence Française de Développement (AFD) sur la période 2020-2022, cette étude fera l’objet de restitutions au cours d’événements en présentiel ou à distance d’ici la fin de l’année. Nous vous invitons d’ailleurs à visionner la présentation Lightning Talk de 15 minutes réalisée par nos équipes pendant le forum GeOnG 2020 début novembre 2020 (disponible en anglais) et le webinaire d’1h30 réalisé sur l’étude en collaboration avec le Groupe URD mi-novembre 2020 (disponible en français).

Cette étude sera également complétée dans les prochains mois par la publication de nombreuses autres ressources.

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