Adaptation au changement climatique au Tadjikistan

Depuis avril 2019, la Gesellschaft für internationale Zusammenarbeit (GIZ), l'agence allemande de développement, a commencé à mettre en œuvre une nouvelle initiative intitulée "Adaptation au changement climatique fondée sur la technologie dans les zones rurales du Tadjikistan et du Kirghizistan". Ce projet, qui bénéficie d'un financement du Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ), vise à renforcer les dispositifs d'adaptation au changement climatique dans les deux pays.

L’implication de CartONG dans cette importante initiative a débuté en février 2021 suite à la signature d’un accord de subvention avec la GIZ Tadjikistan pour un projet intitulé « Faire face au changement climatique par la cartographie participative : utiliser la technologie et les approches participatives pour soutenir l’adaptation au changement climatique dans les zones rurales du Tadjikistan« . Ce projet, unique en son genre, fait appel aux données géographiques et aux technologies open source pour soutenir l’adaptation au changement climatique. Il s’appuie également sur une approche participative en mobilisant activement les communautés locales et en facilitant la coopération étroite entre les différentes parties prenantes de la région. Il est réalisé avec le soutien de notre partenaire Little Earth, une ONG environnementale tadjik.

Au cours des 12 derniers mois de mise en œuvre, Little Earth – avec le soutien de CartONG – a ainsi mené de nombreuses activités de cartographie participative à distance et dans certaines régions du projet. De son côté, notre équipe a travaillé au renforcement des capacités de l’équipe de Little Earth, en s’appuyant sur son expérience au sein de la communauté OpenStreetMap (OSM) et des activités de cartographie sur le terrain. Découvrons les activités du projet plus en détail !

Mise à disposition de données géographiques pour les régions tadjikes exposées aux catastrophes naturelles

La mission principale du projet était d’accroître la production et la disponibilité des données géographiques dans les régions rurales du Tadjikistan les plus exposées aux catastrophes naturelles, en créant une communauté OpenStreetMap bénévole active. Traditionnellement, le travail de cartographie est principalement confié à des cartographes professionnels. L’approche de la cartographie participative a ainsi révolutionné le monde de la cartographie en transférant les compétences et les outils de cartographie vers les citoyens.

Afin d’assurer la durabilité, la transparence et la réussite de ses actions, CartONG a décidé d’adopter une approche de type « formation de formateurs », en travaillant main dans la main avec son partenaire local Little Earth. À ce titre, CartONG a accompagné Little Earth vers la maîtrise de plusieurs outils open source tels que OSM, Tasking Manager, JOSM, OsmAnd et FieldPapers, ainsi que dans l’organisation d’activités de cartographie participative à distance appelées « mapathons ». À cet égard, deux de nos employées ont été envoyées au Tadjikistan – l’une pour une mission de courte durée, et l’autre pour plusieurs mois – afin de travailler en étroite collaboration avec Little Earth sur les différentes activités du projet. Little Earth a ensuite pu présenter les techniques de cartographie à distance et sur le terrain à divers groupes de personnes intéressées, à Douchanbé et dans des villages ciblés. Des cartographes débutants et des professionnels chevronnés des SIG ont participé à diverses formations et mapathons ainsi qu’à des activités de terrain.

« Grâce à notre collaboration avec l’ONG française CartONG, Little Earth a acquis une expérience unique de cartographie sur OSM, ce qui était un tout nouveau champ d’action pour notre équipe. Nous pouvons désormais utiliser les données ouvertes dans nos futurs projets et enseigner la cartographie à d’autres parties prenantes intéressées. Nos collègues de CartONG ont été des accompagnateurs compétents et avisés tout au long du projet. Aux moyens de discussions et d’un travail d’équipe bien coordonné, ils nous ont fait découvrir non seulement de nouvelles méthodes de gestion de projet, mais aussi de meilleures solutions à apporter aux tâches du projet. En outre, dans le cadre de ce projet commun, Little Earth a visité de nouvelles régions exposées aux catastrophes naturelles et développé son réseau avec des partenaires locaux, où notre équipe va poursuivre ses projets de renforcement de l’efficacité énergétique. »
– Natalia Idrisova, coordinatrice de projet à Little Earth

Activités phares de ce projet commun

1 – Phase de cartographie

Le processus de cartographie a consisté principalement en 2 phases :

1. Cartographie de base à distance par l’organisation de mapathons, au cours desquels les éléments les plus marquants, tels que les bâtiments, les routes et les rivières, sont tracés sur des images satellites ou des images prises par des drones ; avec une phase de validation, au cours de laquelle la qualité du processus de cartographie, ainsi que la cohérence des données, sont vérifiées et améliorées par des cartographes plus expérimentés.

2. Travail sur le terrain, où ont été recueillies des données supplémentaires relatives à la prévention et à la réponse aux risques de catastrophes ne pouvant être identifiées à partir de l’imagerie (localisation des écoles et des points de santé, praticabilité des routes, etc.). Ces connaissances locales ont été recueillies via un autre type de cartographie participative, en utilisant OsmAnd, une application dédiée à la collecte de données numériques, et FieldPapers, des feuilles de papier spécialement conçues pour la collecte de données, afin de rationaliser l’intégration ultérieure dans la base de données OpenStreetMap. Au total, 5 villages ont été cartographiés : Shing, Panjrud, Merghuzor et Padrud dans le district de Penjikent, et Romit dans le district de Vahdat.

2 – Impliquer les communautés locales sur les questions de changement climatique

Le travail sur le terrain comprenait également des ateliers de sensibilisation au changement climatique et des discussions sur les mesures d’adaptation appropriées par le biais d’un exercice de cartographie sensible, un autre type de méthodologie de cartographie participative. Les communautés, divisées en deux groupes en fonction de leur genre, ont été invitées à dessiner sur une grande feuille de papier une carte de leur village et à identifier les lieux ou les moyens de subsistance – actuels ou passés – qui sont les plus menacés ou qui ont été affectés par des catastrophes naturelles ou le changement climatique. Cet atelier visait à prendre en compte le genre en tant que facteur dans la façon dont le changement climatique pourrait être interprété au niveau local. Sur la base des cartes sensibles, une discussion a ensuite été menée sur les idées de mesures d’adaptation potentielles.

En impliquant les communautés locales dans le processus de réflexion et de décision, cela nous permet d’aboutir à une analyse plus complète des enjeux de la réduction des risques de catastrophes et de l’adaptation au changement climatique dans les zones ciblées. Cela garantit également que les mesures d’adaptation qui seront mises en œuvre seront davantage efficaces et adaptées aux besoins des communautés.

3- De la collecte de données à leur visualisation et leur partage

La collecte de données en elle-même ne peut guère contribuer à l’adaptation au changement climatique. Ce n’est que lorsque les données sont montrées ou visualisées de manière appropriée qu’elles peuvent être utilisées pour engager des discussions et des actions. Deux types de supports ont donc été réalisés. Après le processus d’intégration et de validation des données, des cartes imprimées de grande taille des villages ont été créées et remises aux autorités locales et aux parties prenantes rencontrées sur le terrain.

Les données brutes ont également été publiées sur le site du réseau national de données spatiales de la République du Tadjikistan, de façon à ce qu’elles soient accessibles librement à toutes les personnes intéressées, y compris les autorités gouvernementales, les autorités locales, les organisations et les citoyens.

10 mois de mise en œuvre en quelques chiffres

Bien que lancé en pleine pandémie – ce qui a obligé CartONG à adopter une approche particulièrement agile et à trouver de nouvelles façons de travailler avec son partenaire local Little Earth pour mener les activités sur le terrain – ce projet s’est révélé être un véritable succès. Voici quelques-unes de ses principales réussites.

En seulement dix mois, plus de 30 événements cartographiques sur le terrain – mapathons et sessions de validation – ont été organisés pour réaliser la cartographie de base, ce qui a permis de cartographier et de valider dans OSM près de 180 villages tadjiks vulnérables.

Notre équipe a également formé et certifié un groupe de cartographes et de validateurs actifs qui sont désormais un pilier pour la mise en place de la communauté OSM au Tadjikistan. De plus, suite à un travail de mise en réseau intensif, la communauté OSM du Tadjikistan est récemment devenue un membre actif de l’Open Mapping Hub-Asia Pacific, qui apporte un soutien supplémentaire à la communauté OSM bénévole en plein essor.

L’équipe du projet a également réussi à organiser un certain nombre de réunions et de consultations avec des organisations internationales, des entreprises et des ONG locales, des chercheurs et des bénévoles sur l’utilisation d’OSM dans leur propre champ d’activité, contribuant ainsi à la structuration d’un écosystème d’acteurs locaux avisés. Par exemple, ce projet a donné naissance à un club de cartographie, qui se réunit encore chaque semaine à l’American Space de Douchanbé. Nous avons également eu l’occasion de travailler en étroite collaboration avec la Croix-Rouge allemande, actuellement présente au Tadjikistan, qui a soutenu l’organisation de huit mapathons en ligne au total. Grâce à ce travail de renforcement des capacités et de sensibilisation, l’équipe du projet est convaincue que la communauté OSM au Tadjikistan connaîtra de nombreux résultats et progrès significatifs à l’avenir.

Enfin, dans le but de partager notre expérience et l’expertise acquise dans l’application des méthodologies participatives, notre équipe a également pris activement part à différents sommets et conférences au cours des derniers mois, notamment la GISCA, le Hot Summit 2021 (vous pouvez regarder l’enregistrement de la session ici), l’AGSE, le GIZ LandHub et la conférence Analysis & Evidence Week 2021 du CICR.

Dans les prochaines semaines, CartONG et Little Earth travailleront ensemble sur les principaux enseignements tirés de ce projet. Ils seront communiqués à la GIZ tandis que CartONG entend s’appuyer sur ces retours pour de futurs projets au contexte similaire. Nous veillerons également à diffuser ces conclusions finales dans notre lettre d’information de mars 2022.

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