Renforcement de la gestion des données programmes : premier bilan
Concrètement, il s’agissait de les accompagner dans l’amélioration de leurs pratiques en matière d’utilisation et de mise en œuvre des méthodes, outils et processus liés aux différentes étapes de la chaîne d’analyse des données.
Après deux années d’implémentation, où en sommes-nous ? Quelles sont les initiatives les plus récentes et les dernières ressources publiées ? Que prévoit-on pour les huit derniers mois du projet ? Prenant le format plus informel d’une interview, voici les dernières nouvelles de ce projet.
Tout d’abord, où en est le projet aujourd’hui ?
Beaucoup de choses se sont passées au cours des deux dernières années, mais, en résumé, nous pouvons dire que la première année du projet a été marquée par la publication de l’étude sur les pratiques et les besoins des OSC en matière de gestion des données programmes (en septembre 2020), et la seconde par le lancement de l’IM Resource Portal (en juin 2021), qui joue un rôle central dans l’accès simple et efficace des OSC à l’ensemble des ressources clés dont elles ont besoin pour améliorer leur gestion des données programmes.
À ce jour, 7 OSC ont bénéficié d’un soutien direct dans le cadre de ce projet, 4 journées d’échange inter-OSC ont été organisées, 10 études et 7 boîtes à outils ont été élaborées et publiées, et 182 ressources externes issues de notre veille technologique ont été référencées sur le portail. Nous avons été bien occupés !
Il y a deux ans, nous nous demandions encore si le sujet devait s’appeler gestion de l’information ou Gestion des Données Programmes. Y a-t-il eu des évolutions à ce sujet ?
C’était en effet l’un des aspects les plus difficiles à aborder pour la bonne mise en oeuvre de ce projet. Nous avons dû clarifier ce que le terme recoupait. Tout d’abord, parce que le terme « gestion de l’information » (venant de Information Management, terme très établi dans la sphère anglophone) était trop générique pour ce dont nous parlions et qu’il ne se traduisait pas bien en français. Ensuite, ce dernier faisait plutôt référence au secteur de l’humanitaire et ne prenait pas bien en compte le groupe des OSC de développement. Dans l’étude initiale du projet, nous avons donc passé du temps à clarifier le champ des données programmes (ce qu’elles sont) – mais aussi ce qu’elles ne sont pas. Aujourd’hui, nous sommes ravis de constater que le secteur a mûri sur le sujet, le terme de « données programmes » devenant de plus en plus fréquemment utilisé par les OSC francophones, ce qui révèle à quel point ces dernières étaient et demeurent une réalité du côté des projets. Les deux termes – gestion de l’information et gestion des données programmes (GDoP) – sont encore utilisés de manière interchangeable par les professionnels du secteur, mais, au moins, nous comprenons toutes et tous plus clairement ce qui se cache derrière.
Quelles sont les principales ressources qui ont été publiée jusqu’à présent pour aider les acteurs et actrices du secteur à structurer leurs approches de la gestion de données ?
Au-delà de l’étude déjà mentionnée sur les pratiques et les besoins des OSC en gestion des données programmes, de nombreuses autres ressources ont été publiées dans le cadre de ce projet afin de faciliter les choix et les approches des OSC en ce qui concerne leur gestion des données programmes :
- Un ensemble d’outils pour aider les OSC à se structurer au sujet de la dimension « ressources humaines » des données programmes,
- Une étude compilant des recommandations – pour les OSC, les établissements d’enseignement supérieur, les instituts de formation et les professionnels du secteur – en vue d’améliorer les pratiques de formation en gestion des données programmes,
- Des études comparatives sur les différentes technologies liées à la donnée existantes (sur la collecte de données sur mobile, les outils de collecte de données à distance pour les enquêtes par téléphone ou encore les mécanismes numériques de retours d’information, les outils de cartographie en ligne pour les débutants, et une liste de contrôle pour la sélection d’outils numériques de façon responsable),
- Des enregistrements vidéos des journées d’échange où quelques OSC plus « matures » en termes de gestion des données ont partagé leur expérience, à savoir Oxfam et WaterAid (à retrouver sur notre chaîne YouTube).
Et d’un point de vue plus pratique ?
Nous sommes très fiers d’avoir lancé en janvier une nouvelle section spécialisée sur l’IM Resource Portal, appelée le Learning Corner. Ce coin d’apprentissage est destiné à aider les acteurs et actrices terrain de l’humanitaire et du développement à améliorer leur gestion des données. À ce stade, il est composé des boîtes à outils suivantes : Vos premiers pas en gestion des données programmes, Données programmes – focus Covid-19, Comment Excel-er sur le terrain !, Visualisation de données et Analyse de données, ainsi que la Méthodologie d’autodiagnostic en gestion de données programmes.
Nous allons aussi bientôt transférer quelques boîtes à outils préexistantes sur la collecte de données sur mobile et les Systèmes d’Information Géographique (en français uniquement) ainsi que publier la version anglaise de la méthodologie d’autodiagnostic en gestion de données programmes qui, nous l’espérons, sera très largement utilisée !
Si vous souhaitez avoir un aperçu de toutes les ressources publiées et à venir dans le cadre de ce projet, jetez un coup d’œil à ce panorama général.
Avez-vous rencontré des difficultés particulières jusqu’à présent ?
Comme tout le monde, la pandémie de Covid-19 – qui a fait son apparition peu de temps après le début du projet – a eu un effet considérable sur celui-ci. De manière « positive », elle a mis le sujet des pratiques des OSC en matière de données sous le feux des projecteurs, puisque chacun·e se démenait pour continuer à collecter et à analyser des données sur les activités en cours, mais ce à distance, tout en essayant de faire face aux nouvelles situations humanitaires émergeant dans différents contextes d’intervention. Nous sommes fiers d’avoir appuyé cet effort en proposant un soutien direct aux OSC par le biais du Centre d’aide Covid-19 en IM et des conseils publiés dans la boîte à outils Covid-19, dont l’objectif est de penser la collecte de données dans des contextes de distanciation physique.
Toutefois, la crise sanitaire nous a évidemment empêché d’organiser les événements en présentiel, les missions sur le terrain et les sessions de formation que nous avions initialement prévus, ce qui a eu un impact significatif sur la qualité des échanges et la résonance du projet pour les acteurs et actrices les moins sensibilisé·es à la thématique, tels les petites OSC ou les OSC locales qui ne font pas partie des groupes de travail ou des réseaux existants liés au sujet, par exemple, ainsi que les équipes terrain des grandes OSC. À ce stade, accroître la portée du projet est l’une de nos priorités pour les prochains mois, afin de garantir que toutes les ressources déjà disponibles soient utiles à celles et ceux qui en ont le plus besoin !
Enfin, il apparaît qu’une partie du travail de fond réalisé pour encourager la structuration des OSC en termes de données programmes est plus difficilement réalisable en temps de crise, les acteurs et actrices de l’aide ayant des sujets plus urgents à traiter. Il est donc important de donner du temps au sujet des données programmes pour se diffuser et prendre racine, afin que les OSC puissent l’aborder et le décortiquer en fonction de leurs propres réalités et besoins opérationnels.
Le projet se termine cette année. Quels sont les volets restants qui pourraient nous intéresser ?
En termes de moyens, l’accent sera mis sur les ressources pratiques, telles que la traduction des boîtes à outils existantes, ainsi que la publication de supports de formation sur les différents thèmes de la gestion des données. Nous ajouterons également une dernière composante permettant l’évaluation de la dimension « gestion des données programmes » des projets humanitaires et de développement dans la méthodologie d’autodiagnostic en gestion de données programmes (publiée en janvier 2022).
Nous sommes également ravis que le Centre de Crise et de Soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ait décidé d’appuyer CartONG sur la question de l’amélioration des pratiques en gestion responsable des données des OSC en acceptant de financer un projet dédié à ce sujet. Il s’agit en effet d’un enjeu essentiel pour le secteur, comme nous le constatons au quotidien à travers la récente crise ukrainienne. Cette nouvelle initiative de deux ans nous permettra – entre autres – de créer une boîte à outils en gestion responsable des données qui, nous l’espérons, servira de point d’entrée – et de référence – sur le sujet pour les OSC francophones.
Au-delà, nous allons continuer à organiser des événements pour faciliter les discussions sur le sujet entre les acteurs et actrices de la solidarité internationale – le partage d’expérience étant un élément clé de la mise en place de pratiques de qualité et durables en GDoP. En plus des journées d’échanges des OSC francophones (vous pouvez retrouverer tous les détails sur les prochaines journées d’échange ici), nous animerons avec RITIMO, de mi-mai à mi-juin, une série de webinaires autour des enjeux de la GDoP : idées reçues des OSC autour de l’Open Data et l’open source, vrais risques en protection de données pour les OSC ou, bien entre, spécificités de la transformation numérique appliquées aux données programmes.
Enfin, nous clôturerons également le projet lors du forum GeOnG 2022, à la fin du mois d’octobre, en présentant ses principales conclusions.